Le saviez-vous ? Les pays d'Afrique de l'Ouest importent d'Europe une grande partie du lait qu'ils consomment (sous forme de lait en poudre) alors que c'est dans leurs régions que sont regroupés les principaux cheptels d'Afrique. Oui, on marche sur la tête...
Mais bon sang, il faudrait valoriser la production locale de lait frais, à un prix compétitif par rapport aux produits importés. Cela peut être viable économiquement. Il faudrait essayer, tenter localement des expériences, soutenir les entrepreneurs qui essayent de créer des petites unités de fabrication de produits laitiers.
Oui, il faut faire quelque chose. C'est ce que se sont dit les grands chefs de Danone : collecter le lait, investir dans des usines, transformer le lait en bons produits frais (miam, miam) et le vendre auprès des consommateurs (merci le marketing), ils savent faire.
Alors ils ont créé Danone Communities. C'est un fonds qui investit de l'argent à travers le monde dans des entreprises sociales comme la "Laiterie du Berger" de Bagoré Bathily, un jeune vétérinaire sénégalais, dont l'entreprise permet de contribuer à améliorer la situation des populations Peuls en leur apportant une source de revenus réguliers. Comme le projet de Bagoré Bathily, chaque projet sélectionné par le fonds doit être rentable et présenter un solide business plan. Ce n'est pas de la charité. C'est de la finance, mais solidaire.
J'ai échangé ce matin avec Bagoré Bathily (via Skype) lors d'une rencontre organisée par Danone Communities. Il nous a dit que Danone lui avait apporté une participation financière mais aussi des compétences (experts Danone dans le domaine de la qualité, du marketing, de la production, de la commercialisation). J'avais l'impression d'entendre le patron d'une start-up parler de ses Business Angels !
Mais plus fort, vous aussi chers lecteurs vous pouvez investir aux côté de Danone dans la start-up sociale de Bagoré Bathily et dans plusieurs autres projets (comme "1001 fontaines" au Cambodge). Car Danone Communities, c'est en fait une SICAV dont vous pouvez acheter des parts par l'intermédiaire de votre banquier. C'est ça la finance solidaire !
Lors de la séance de questions, j'ai demandé à Emmanuel Marchant (le DG de Danone Communities) s'il avait l'intention d'aller encore plus loin, par exemple à l'aide d'une plateforme de prêt peer-to-peer qui permettrait aux internautes de prêter à des entrepreneurs sociaux à travers le monde. Ma question ne l'a pas surpris et il a indiqué explorer cette voie. J'espère pouvoir apporter prochainement ma contribution à ces réflexions : si Danone se met à la finance 2.0, tout devient possible !
Nous avons été heureux et intéressés de passer cette matinée avec toi Jean-Christophe.
La réinvention des modèles économiques (que l'actualité / la lucidité / les défis du millénaire / toute petite prise de recul sur le monde0.0) passera effectivement aussi par cette étape importance car initiale : le financement.
Pour compléter ce que tu dis, danone.communities tient le rôle d'incubateur : il accompagne et fait grandir des sociétés, par l'apport de capitaux et de compétences. Au début, avant ce que "se disent les grands chefs de Danone" (qui sont au board de danone.communities mais pas que... il y a d'ailleurs d'avantage de membres externes, comme Muhammad Yunus ou Maria Nowak), il y a la vision et l'énergie de l'entrepreneur.
Dans le cas du Sénégal, c'est Bagoré ; au Cambogge, Chay Lo.
Vous trouverez des vidéos de ces projets ici :
- http://www.danonecommunities.com/lalaiterieduberger/
- http://www.danonecommunities.com/1001fontaines/
@Cath : avec l'aide d'IDEAM, filiale du Credit Agricole, spécialisée dans l'ISR, nous avons essayé de conctruire une SICAV "prudente" avec un levier FCPR pour aider ces entrepreneurs sociaux. C'est une première en Europe et on espère que cela pourra profiter à beaucoup.
http://www.danonecommunities.com/investir-dans-la-sicav-danone-grameen-foods/
@Serge : dans son livre "Vers un nouveau capitalisme", M. Yunus décrit bien les différentes actions (gouvernementales, institutions multination., ONGs...) de développement : leurs rôles, complémentarités, limites. La force du modèle "social business" est de s'ancrer, localement, depuis la vision de l'entrepreneur (dont des personnes pauvres qu'on aide à devenir entrepreneur avec du micro-crédit) pour répondre à un besoin du terrain, avec une création de richesse locale et redistribuée localement. C'est un scénario très loin des bureaux d'études : il a une naissance et une vie accrochés à l'utilité concrète, à l'impacte social.
Par ailleurs, un lien intéressant vers les aides (et il y en a forcément aussi des bonnes) de l'UE : http://ec.europa.eu/grants/index_fr.htm
Rédigé par : Olivier2point0 pour danone.communities | 02 janvier 2009 à 11:13
"Le saviez-vous ? Les pays d'Afrique de l'Ouest importent d'Europe une grande partie du lait qu'ils consomment (sous forme de lait en poudre) alors que c'est dans leurs régions que sont regroupés les principaux cheptels d'Afrique. Oui, on marche sur la tête..."
Oui je le savais et un document de l'ONU le déplore. Le problème : ce sont les subventions européennes. Elles empêchent les agriculteurs des pays pauvre de vivre correctement de leur travail. Pour moi c'est un véritable scandale qu'il faut dénoncer. Il faut exiger la fin des subventions agricoles qui appauvrissent à la fois les paysans des pays pauvres et les contribuables européens.
Rédigé par : Serge Cheminade | 28 décembre 2008 à 18:24
@Le passant: pas si bête :) Le retard de développement aurait donc du bon ? Vaste sujet philosophique...
Rédigé par : Jean-Christophe Capelli | 22 décembre 2008 à 08:36
cerise sur le gâteau : le lait est bio, l'éleveur n'est pas obligé de nourrir avec des aliments imposés dans le cahier des charges ?
Ah la vie est belle .. nan je taquine ;)
Rédigé par : Le passant | 21 décembre 2008 à 19:21
@Cath: oui, Catherine ! Les 2 projets que Danone vient de présenter ("1001 fontaines" et "La laiterie du berger") sont dans la continuité du projet dont tu avais entendu parler (la création d'une micro-usine de yaourt en Inde, avec l'aide de Muhammad Yunus).
Rédigé par : Jean-Christophe Capelli | 19 décembre 2008 à 20:52
Effectivement, on marche sur la tête là et dans xxx autres domaines. L'initiative de Danone est intéressante. J'en ai entendu parler en détails au sujet du continent indien, il y a de cela deux ans. Quand à la finance solidaire, elle est en passe de devenir la seule finance solide actuellement... on souhaite, enfin on espère que des bombes à retardement ne se cachent pas dans ces "paniers financiers". Enfin, tu me diras, quitte à perdre son argent, autant le perdre pour une bonne cause plutôt que dans les poches de Monsieur Bernie :)
Rédigé par : Cath | 19 décembre 2008 à 19:09