J'apporte mon soutien entier et enthousiaste au projet de loi du Sénateur Marini visant à protéger les consommateurs les plus fragiles face au crédit.
Cependant, le Sénateur ne doit pas s'arrêter en si bon chemin. Ses propositions sont insuffisantes et devraient être accompagnées de 2 chantiers qui m'apparaissent prioritaires :
1) Mieux éduquer financièrement nos concitoyens
Il convient d'éduquer les futurs consommateurs en les formant dès le plus jeune âge à la gestion d'un budget familial. On ne parle jamais d'argent à l'école. Résultat, nos concitoyens souffrent d'illettrisme financier. C'est cette malheureuses ignorance qui permet aux maisons de crédit de vendre des crédit revolving dans les allées des supermarchés. Le marketing bancaire fait le reste : le crédit est habilement déguisé en une bien innocente "réserve d'argent" pour mieux convaincre le chaland.
2) Mettre en place un fichier central des crédits accordés
Contrairement à une idée largement répandue, il n'existe en France aucun fichier centralisant l'ensemble de vos dettes. Incroyable mais vrai, les banques ne savent combien de crédits vous avez déjà souscrit ! Si vous allez à la Société Générale demander de l'argent, elle ignore que vous avez déjà emprunté chez Cofidis !
Chaque mois, il y a près de 15000 dossiers de surendettement déposés auprès des commissions de la Banque de France. Pour lutter contre ce fléau, l'idée d'un fichier central (appelé "fichier positif") fait son chemin.
Le législateur doit agir pour que les ménages les plus fragiles ne soient pas asphyxiés par de nouveaux crédits proposés par des banques ignorant tout du niveau d'endettement réel de leurs clients. Il faut obliger les banques à consulter obligatoirement le fichier central avant d'accorder un nouveau prêt. Ainsi, les banques ne pourront plus dire : '"nous ne savions pas".
aujourd'hui, même lorsque l'on sait gérer son budget, les organismes financiers ne respectent pas l'obligation , qui est la leur, de vérifier la solvabilité de leurs clients Il faudrait peut-être commencer par là, revenir à des prêts en harmonie avec les revenus exactss, et non supposés. ce phénomène n'est pas nouveau, les périodes dificiles que l'on vit aujourd'hui n'ont fait que faire ressurgir le problème. cela dit, les excès en matière de crédit ont été favorisés aussi par la possibilité de faillite personnelle. pourquoi ne pas prendre ce que l'on vous donne sans conditions réelles, à partir de l'instant où l'on a déjà rien ou pas grand chose. quels sont les risques si l'on est propriétaire de rien : aucun
Rédigé par : robe moulante | 27 avril 2010 à 17:53
@Nathalie: très intéressant commentaire qui éclaire la réflexion sous l'angle de la relation client. Merci !
Il est vrai que l'établissement bancaire installé (qui a une relation suivie avec son client) peut, grâce à cette expérience, avoir une approche différente de celle de l'organisme de crédit (qui "découvre" le client).
Ce qui me gêne, c'est qu'en l'absence de background sur la qualité de son prospect, l'organisme de crédit est amené soit à prendre des décisions malheureuses (accorder un crédit risqué), soit à renoncer à travailler sur le marché français...
Rédigé par : Jean-Christophe | 24 novembre 2008 à 13:31
Cher jean-Christophe, je te remercie de lancer le débat sur ton blog. J'ai envie de mon côté d'introduire une différence entre les informations accessibles par les banques et celles accessibles par les organismes de crédit. Les banques ont de fait une meilleure connaissance de l'état financier du compte de leur client lors d'une demande de crédit puisqu'elles ont accès, à partir du moment où elles détiennent le compte principal (celui qui reçoit les salaires notamment), à l'ensemble des mouvements : entrées - sorties. Dans les sorties, on note les différents virements entre les organismes de crédit (crédit et paiement par mensualités associés à l'usage du crédit). Les banques ne militent donc pas particulièrement pour la création d'un ficier positif. En revanche, c'est une toute autre histoire concernant les organismes de crédit. Ceux-ci doivent évaluer le risque de surrendettement d'un futur client en lui faisant confiance car l'étude se base sur des données déclaratives. L'étude est bien sûr par fois un peu longue car dès que l'organisme a un doute, il vérifie, croise les données déclarées par le demandeur. Les banques ont donc un coup d'avance qu'elles comptent conserver, sans parler du frein que cela impose aux acteurs bancaires étrangers, puisque ceux-ci, sauf à tisser un partenariat avec une des grandes françaises, ne peuvent consulter qu'un fichier négatif (ficp ou Banque de France pour les interdits bancaires). Dans les pays anglo-saxons, la note de score (credit rating) est un indicateur qui est demandé dans bien des cas, avec les dérives que l'on imagine comme par exemple l'accès au logement. Nous pourrions tout de même en France imaginer un fichier positif dont l'accès est limité aux mêmes intervenants qui ont déjà accès aux fichiers FICP et BDF. Après, comment faire en sorte d'en refuser l'accès aux particuliers? car une personne pourrait faire prévaloir sa bonne gestion budgétaire dans un dossier de demande de logement....Pour conclure, n'y a-t-il pas un peu d'hypocrisie dans tout cela lorsque que l'on sait que les organismes de crédit sont aujourd'hui tous (le dernier en date étant cofidis que a rejoint le crédit mutuel) affiliés à une grande banque?
Rédigé par : Nathalie | 24 novembre 2008 à 11:34
@Jean-Pierre: merci beaucoup pour votre commentaire.
Les opposants au fichier positif (*) avancent en effet que ce fichier encouragerait le marketing direct. Je ne partage pas cet avis. Regardez dans votre boîte aux lettres, que vous écrit votre banque ? Une «réserve d'argent pour réaliser vos folies» ou encore un «coup de pouce pour vos envies»...
Les banques nous soumettent déjà à un matraquage publicitaire intensif et très bien ciblé !
(*) Les arguments des principaux opposants au fichier positif sont bien résumés au sein de cet article du Figaro (octobre 2008) http://moourl.com/h7ndn C'est le même lobby qui prône également l'augmentation du taux de l'usure http://moourl.com/xvmoo
Rédigé par : Jean-Christophe | 23 novembre 2008 à 13:39
Bonjour,
Je pense que les fichiers mentionnés dans l'article concernent ce qu'on appelle des "credit bureau" - prestation qu'offre une société comme Experian - qui consolident nominativement l'ensemble des encours de crédit, y compris par type (revolving, immobilier, ...) et avec la qualité de paiement (depuis quand, ...)
La mise en place a toujours été refusée en France (respect de la vie privée, ...). il me semble que la question sous-jacente est plutôt celle de l'utilisation que des entreprises pourront faire à partir de ces informations : accès réservé à l'univers de la finance pour l'étude de prêts ou capacité à sélectionner des clients pour réaliser des opérations de marketing direct (pratique US et UK) ? On pourrait déjà commencer par creer le fichier et donner l'accès pour juguler le risque de surendettement.
Rédigé par : Jean-Pierre | 23 novembre 2008 à 12:12
@Denis: pas vraiment ! Comme tu l'indiques, le fichier dont tu parles est très agrégé (il n'est ni détaillé, ni nominatif) et ne sert qu'à des fins statistiques et très macro-économiques. Utile pour mesurer la production globale de crédit mais pas du tout utile pour mesurer l'endettement individuel.
Tant que j'y suis, je mentionne également un autre fichier existant et qui recense les mauvais payeurs (ceux qui ont connu un incident de paiement). D'où son petit nom : le FICP (Fichier national des Incidents de remboursement des Crédits aux Particuliers). C'est un fichier sanction, un fichier négatif. Quand on y est inscrit, il est déjà trop tard.
Ce dont je demande la création, c'est un fichier positif, où tous les emprunteurs figureraient, y compris les emprunteurs encore vertueux. On pourrait ainsi les empêcher de basculer du côté sombre du surendettement...
Rédigé par : Jean-Christophe | 22 novembre 2008 à 16:37
Bonjour,
en fait je crois que le fichier de tous les emprunts existe déjà au niveau de la Banque de France mais n'est pas consultable ni nomminatif, il sert à la surveillance de la masse financière. Bref, on y est presque ...
Rédigé par : denis | 22 novembre 2008 à 15:37