Sale temps pour les mouches (et les homo sapiens) ou début d'une nouvelle ère encore invisible pour un regard conventionnel ?
Je suis actuellement à San-Francisco à la recherche des signaux faibles en provenance de cette nouvelle frontière. J'accompagne 2 autres chercheurs d'or qui m'aident à y voir plus clair : Frédéric Baud et Jean-Michel Billaut.
Sans plus tarder (car l'orage gronde), rentrons nous abriter dans les salles de réunion du très étonnant bâtiment qui héberge le BarCampBank (le centre d'entrainement des pompiers de San-Francisco aux catastrophes naturelles). Brrrr....
Session 1 : La Génération Y (les jeunes) et les banques : le grand fossé ?
Une marketeuse traditionnelle (qui n'a peut-être pas lu le ClueTrain Manifesto) entame le débat. Elle nous explique (je force le trait) que les media sociaux sont formidables car cela va permettre de mieux cibler les jeunes consommateurs. Quel vocabulaire guerrier ! Pas très pinko tout cela.
Un grand gaillard prend la parole: Arno Hesse.
Il écarte largement les bras et nous dit : "les banques sont là" (sa
main droite) et "les jeunes consommateurs sont là" (sa main gauche).
L'assistance acquiesce doctement.
Je prends la parole pour renchérir : grâce au Web 2.0, les consommateurs (jeunes et moins jeunes) ont repris le pouvoir, discutent entre eux à propos des marques et se forgent leur propre opinion. Ils en on marre de ces marques qui leur "poussent" des message du type "c'est nous qu'on est les plus beaux, c'est nous qu'on est les plus forts". C'est l'inversion de la relation client-fournisseur, après le CRM , c'est maintenant l'heure du VRM (Vendor Relationship Management). Merci à Harvard pour avoir relevé cette nouvelle tendance !
Les banques doivent arrêter de nous marteler
(sans preuves) que leurs produits sont les meilleurs. C'est au
consommateur de décider qui est le meilleur fournisseur. Et pour cela, dans une
approche très VRM, le banquier peut décider de fournir au consommateur
les outils qui lui permettront de prendre les bonnes décisions. Pas très facile... Une voie cependant : fournir des outils de gestion du budget (Personal Finance Management) comme le font très bien Mint ou Wesabe... mais qui ne sont pas des banques. Alors, qui gagnera la bataille du PFM ? Ce sera l'objet de la 3ème session. Stay tuned !
Session 2 : Le P2P Lending, jusqu'où ?
Et c'est parti pour une session sur le prêt direct entre particuliers. C'est un secteur qui connait une forte créativité à travers le monde avec plus de 70 modèles en place, ou émergents, à travers le monde. J'indique à la docte assemblée que je tiens à jour (sur le wiki AboutUs) une liste de tous les sites de P2P Lending dont j'ai connaissance.
Certains intervenant prédisent à ce secteur une évolution comparable au marché du courtage immobilier (qui représentent aux US environ 60% du marché). L'analogie n'est pas facile à comprendre au premier abord. L'idée sous-jacente est que ces crédits peer-to-peer, mettant en relation directe un emprunteur et des prêteurs, constituent des crédits "déjà tous faits" qui pourraient ensuite être "processés" par des banquiers traditionnels. Pourquoi ? Car la réglementation bancaire exige que ce type de prêt soit in fine géré par un banquier. Le prêt d'argent est une chose trop sérieuse pour être entièrement confiée au 2.0 disent les régulateurs...
Mince ! Nous voilà partis bille en tête à parler de règlementation. Ouch ! Nous voilà mal engagés pour le reste de la session. Heureusement, Rob Garcia de Lending Club vient nous sauver d'un débat ennuyeux en expliquant que maintenant que les tracasseries règlementaires sont (enfin) terminées aux Etats-Unis, c'est son job de faire connaitre aux américains c'est qu'est le P2P lending. Et il y a du pain sur la planche !
Comment s'y prendre ? Les idées fusent. Les américains parlent de lancer un mouvement "grass roots". On n'a pas vraiment d'équivalent de ce terme en France (d'ailleurs la page Wikipedia n'existe pas en français. Des volontaires ?). "Grass roots" fait référence à des mouvements populaires qui ont démarré par la base, au sein de communautés (locales, philosophiques, ethniques). L'idée connait un regain d'intérêt ici, dans ce contexte de crise économique : il faut se serrer les coudes localement et le P2P lending pourrait grandement contribuer à développer cette forme de solidarité communautaire.
Session 3 : Qui gagnera la bataille du PFM (Personal Finance Management) ?
La gestion des finances personnelles a bien changé. Fini la comptabilité personnelle ennuyeuse à la papa. Ici, gérer ses comptes ça se fait de manière ludique et... communautaire. Oui, grâce à Internet vous comparez vos finances à celles de vos petits camarades. Et grâce à cette intelligence collective, vous prenez de meilleures décisions financières. Que ceux qui croyaient que les réseaux sociaux servaient uniquement à parler du dernier DVD à la mode où à comparer les photos de ses vacances avec celles de ses potes aillent se rhabiller. La gestion des finances personnelles est passée au web 2.0 !
Et Jesus Perez (de Financial Red) en est persuadé : c'est le banquier qui fournira à ses clients ces outils communautaires lui permettant de mieux gérer son budget. C'est le job du banquier (job qu'il a un peu perdu de vue, convenons-en). Et puis, le banquier, il a déjà toutes les données.
Le problème, c'est que le marché est déjà bien occupé par les nouveaux entrants. Une société comme Mint a déjà 1 millions d'utilisateurs américains, très satisfaits. Pourquoi ? Parce que le brave consommateur américain fait plus confiance à un tiers indépendant pour lui donner des conseils qu'à son banquier...
Alors, on ne sait pas encore qui gagnera la bataille du PFM. Rendez-vous l'année prochaine : on aura peut-être la réponse !
Session 4 : Open Money, bientôt des millions de nouvelles monnaies ?
Quel beau concept ! Open Money... Nous avions la chance d'avoir à nos côtés Michael Linton pour nous en parler. C'est une sommité mondiale. Michael est le fondateur des LETs au Canada (en français, on dit SEL, Systèmes d'Echanges Locaux). On a tous plus ou moins entendu parler de ces bourses d'échanges qui existent dans les quartiers : je t'échange 1 heure de cours de piano contre 1 heure de jardinage. C'est du troc, quoi. Mais du troc avec un petit plus : de la monnaie.
Car comme le dit Michael, je n'ai pas forcément envie que mon voisin me soigne les dents (ce n'est peut-être pas lui le meilleur professionnel !). Pour faciliter le fonctionnement de ces communautés d'échange, et sortir du simple troc, il faut y introduire une monnaie. Cette monnaie va servir d'unité de compte et d'instrument d'échange. Et hop, on a créée une monnaie alternative.
Michael dit que grâce à l'informatique, à l'internet, à la crise, des millions de nouvelles monnaies vont bientôt entrer en circulation. Oui, je sais, ça parait fou...
Qu'on ne s'y trompe pourtant pas, tout cela est très sérieux (c'est juste que je résume très maladroitement cette 4ème session à laquelle j'ai assisté). Je vous conseille de visiter :
Michael Linton termine la session en nous disant "nous en sommes à l'AOL de la monnaie". Passionnant.
Liens
Les blogs qui parlent du BarCampBankSF2
Et si vous avez raté ce BarCampBank, il vous reste une chance (avant la grande dislocation finale) d'assister à l'un de ceux-là:
P.S : Aujourd'hui, mardi 28 avril, j'assiste à FinovateStartup09, le grand rassemblement de startups innovantes dans le domaine de la banque et la finance. Si vous êtes encore connectés à cette heure là (décalage horaire oblige), suivez la conférence via mon Twitter (ça démarre à 18h00, heure française).
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